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Qu’est ce que la jungle de Calais

La jungle de Calais est le nom donné au bidonville près de la ville de Calais, où vivent les migrants alors qu’ils tentent d’entrer au Royaume-Uni en embarquant sur des ferries, des voitures ou des trains traversant le port de Calais ou l’Eurotunnel. Les migrants qui vivent dans la « Jungle » de Calais sont un mélange de réfugiés, de demandeurs d’asile et de migrants économiques du Darfour, d’Afghanistan, de Syrie, d’Irak, d’Erythrée.

Le 24 octobre 2016, le ministre français de l’Intérieur a annoncé le démantèlement de la « Jungle de Calais ». Cet immense campement informel avait abrité jusqu’à 10 000 migrants. Cinq ans plus tard, la région de Calais reste un point de départ incontournable pour le Royaume-Uni et les conditions de vie des migrants y restent précaires.

Il ne reste plus rien de l’ancienne « Jungle », démantelée il y a cinq ans. Sur les dunes, en dehors du centre-ville de Calais, la végétation a poussé et les panneaux interdisant à quiconque de s’installer, affichés après l’expulsion de près de 10 000 personnes, sont toujours là, les lettres emportées par la pluie.

Comme tous les jours à Calais, le 24 octobre 2021, un convoi de gendarmerie arrive à 8 heures du matin pour procéder à une nouvelle vague d’expulsions des quartiers d’habitation de fortune. A l’époque de la « Jungle », nom donné par les migrants eux-mêmes aux dunes aux abords de la ville, plus de 10 000 personnes ont survécu dans un campement informel qui s’étendait sur plusieurs hectares.

Expulsions quotidiennes et confiscations de tentes

Aujourd’hui, les pouvoirs publics ont un objectif clair : éviter l’installation de camps, qu’ils appellent « points de fixation ». Pour ce faire, ils procèdent à des expulsions quasi quotidiennes. Bien qu’il n’y ait plus de campements établis en tant que tels, plusieurs petits camps ont vu le jour sur les friches entre Coquelles, Calais et Marck, abritant actuellement deux mille exilés en attente de passage vers l’Angleterre. Lors de ces expulsions, les tentes sont confisquées et souvent, avec elles, les effets personnels des migrants.

Emma, ​​coordinatrice du projet Human Rights Observer soutenu par l’Auberge des Migrants, constate une augmentation du taux d’expulsions. « Depuis quelques mois, le rythme des expulsions est différent, elles ne viennent plus tous les deux jours comme l’an dernier, mais vraiment tous les jours, le matin et parfois même une deuxième fois l’après-midi », précise la militante, qui ne veut pas que son nom de famille soit publié.

e rythme incessant vise à décourager les migrants de s’installer à Calais. « Cela provoque une vraie lassitude et fatigue pour les migrants, mais les gens reviennent toujours quelques minutes après l’expulsion, même s’ils n’ont même plus de tente. Il n’y a pas toujours de solution d’hébergement et souvent ils ne récupèrent pas le choses qui leur sont confisquées après les expulsions. Cette année, 72% des personnes n’ont pas pu récupérer leurs effets personnels », explique Emma.

« Concrètement, Calais est une zone de non-droit », explique Wela Ouertani de La Cabane Juridique, une association qui fournit une assistance juridique aux migrants à Calais. « Tout ce qui se passe est illégal, mais l’État parvient toujours à tout justifier avec des prouesses juridiques. C’est une machine très bien rodée. On demande seulement à l’État de respecter la loi ».

« Dans le contexte de Calais, la mise à l’abri de personnes après des expulsions est un acte forcé, et donc illégal. Les expulsions sont effectuées en flagrant délit et normalement cette procédure ne permet pas l’expulsion des terres. Mais l’Etat se justifie en disant , ‘on a remarqué un délit, l’occupation de la terre, alors on est allé demander aux gens de quitter la terre et les gens sont partis volontairement’. C’est comme ça qu’ils peuvent le faire tous les jours », explique-t-elle.

Augmentation des tentatives de traversées en bateau

Du fait de cette pratique quotidienne d’expulsion, depuis le démantèlement de la Jungle, le nombre de tentatives de traversées en bateau a explosé. Loan Torondel, humanitaire, est l’auteur d’un rapport indépendant sur ces traversées entre 2018 et 2021. « [Les traversées en bateau] étaient très rares à l’époque de la Jungle, il y avait surtout des tentatives individuelles. En 2018, le phénomène de groupe les traversées ont vraiment commencé et ont ensuite pris une ampleur considérable », observe-t-il.

« L’une des causes est la sécurisation de tous les parkings et du port. Les camions sont devenus une voie d’accès plus difficile », explique Torondel. « Aujourd’hui, les gens essaient en bateau et en camion, selon la météo ou le jour. La détérioration des conditions de vie dans les camps provoque aussi un grand stress pour les gens car ils ne se sentent jamais en sécurité. Cela les pousse à prendre des risques pour traverser. »

Éviter les « points de fixation »

Depuis septembre 2020, un arrêté préfectoral controversé est également renouvelé chaque mois par les autorités, interdisant toute distribution de nourriture et de boisson par des associations non mandatées par l’État dans une très grande partie du centre-ville de Calais.

D’autres mesures ont été prises par les autorités pour éviter les « points de fixation ». Dans l’un des camps près de Coquelles, les services de la préfecture ont installé plusieurs tonnes de pierres pour empêcher l’accès aux points de distribution de nourriture et le remplissage d’un réservoir d’eau de 1 000 litres qui profitait à près de 600 personnes. La première fois qu’ils ont été déplacés par les exilés et certaines associations, de plus gros rochers ont été enfoncés dans le sol en une nuit, quelques jours plus tard.

La vie quotidienne dans les camps de Calais est très différente aujourd’hui de ce qu’elle était en 2016, lorsque le campement informel a été créé pour la première fois. Les conditions de vie se sont détériorées et les expulsions quasi-quotidiennes ont même été dénoncées dans un long rapport de l’ONG Human Rights Watch publié ce mois-ci. Après sa publication et pour dénoncer ce « harcèlement » des autorités à l’encontre des migrants, trois personnes sont en grève de la faim depuis le 11 octobre 2021.

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