Amazon à Augny, La Poste : ces petites mains qui vont faire de Noël… un carton

Montée en puissance des livraisons de colis, renfort de personnels… La période de Noël rime avec une forte hausse d’activité pour les équipes d’Amazon et de La Poste. « La Semaine » s’est glissée dans les coulisses des préparatifs logistiques des fêtes de fin d’année.

« Can you feel it, can you feel it, can you feel it. » Mais si, souvenez-vous. Les colis qui chantent en reprenant le titre des Jackson Five. C’était la publicité d’Amazon réalisée pour les fêtes de Noël, en 2018. La musique vous reste en tête, la pub aussi, même quatre ans après. Un coup de maître marketing comme le géant du commerce sait le faire. Cette année, La Semaine a été conviée à découvrir l’envers du décor, la manière dont la musique se met en marche sur le site d’Amazon, installé depuis août 2021 à Augny, lorsque vous cliquez sur « Valider la commande ».

Déjà, de l’extérieur, le site impressionne. Il compte 50 000 m2 de surface au sol sur quatre étages. Sur la façade, on y retrouve le sourire d’Amazon, sa marque de fabrique. L’entrée se fait sous haute sécurité. Ne pénètre pas à Amazon qui veut… Une succession de portiques nous accueillent, dont seuls les salariés possèdent les clés. Un système de sécurité important donc, mais qui s’explique. « 25 millions d’articles » sont conservés ici actuellement, à plus ou moins 500 000 près. Ces produits proviennent de fournisseurs indépendants et un certain nombre d’entre eux quitteront le site pour les fêtes. Un colis reste en moyenne une quarantaine de jours à Augny. « On n’expédie rien d’ici directement chez vous », tient à préciser Pierre Louis, le directeur logistique des lieux. En cas de commandes, les articles sont donc envoyés à d’autres entrepôts – comme celui de Woippy dont c’est la mission – et à des centres dédiés comme La Poste ou Chronospost.

Un rush « surmontable »

Ici les colis ne chantent pas, les machines ont pris le relais. Il faut dire que nous sommes sur le site « le plus moderne » d’Amazon et l’un des deux seuls robotisés en France, avec celui de Brétigny-sur-Orge. Dès lors, 4 000 robots (1 000 par étage) viennent épauler les salariés dans leur tâche. Ils sont 3 500 (dont 2 800 en CDI) à cette période de l’année, répartis sur les différents postes de réception des colis, de mise en stockage et de réexpédition. Tous les domaines ont été renforcés avec des recrutements effectués depuis septembre en vue de la forte activité qui s’annonce.

À vrai dire, elle a déjà commencé « depuis la semaine dernière avec le Black Friday », précise Pierre Louis. Cerné par les colis en flux continu sur les tapis roulants, il explique que la période de Noël représente entre 20 et 25 % de stock en plus. Après, ça se calme… En janvier et février, il y a forcément moins d’activité et « on en profite pour remplir à nouveau l’entrepôt », déclare-t-il. Mais nous n’y sommes pas encore… Revenons donc au rush de Noël. « Surmontable » pour Astrid, cheffe d’équipe sur le contrôle des colis réceptionnés par le site. Elle est aussi la salariée qui a ouvert le tout premier colis à Augny, et peut donc faire le comparatif avec l’année écoulée. « À notre niveau, le pic est passé puisque nous avons stocké déjà pas mal de marchandises. » Un coup d’œil sur les tapis qui tractent les colis vient nous confirmer que l’activité est plus tranquille. Pour les salariés, Noël est appréciable car leur travail « prend plus de sens encore à cette période-là ».

Jusqu’à 19 000 colis par jour

Du côté de Woippy aussi, sur le site Colissimo, on croule sous les cartons. Une période intense s’annonce jusqu’aux soldes de janvier. « Il y a une augmentation du nombre de colis dès la fin novembre, puis ça monte crescendo jusqu’à Noël. En trafic normal, nous sommes entre 11 000 et 12 000 colis par jour. Actuellement, entre 13 000 et 14 000, sauf les mercredis et jeudis qui sont nos plus grosses journées avec des pointes pouvant aller jusqu’à 19 000 colis par jour », détaille Jean-Luc Lauvray, le responsable de l’endroit. Un pic « normal » sur ces deux journées, car les clients ont tendance à commander leurs achats le week-end. Le temps que la préparation se fasse, en début de semaine, les livraisons arrivent sur ce créneau.

Tous les colis reçus à Woippy sont acheminés depuis la plateforme de Bar-le-Duc. Avec le rush de Noël, cette dernière a doublé son nombre journalier de camions, passant de trois à six. Pour faire face, La Poste a elle aussi procédé à des recrutements afin d’étoffer les différents postes et de proposer une équité en termes de charge de travail. « En temps normal, nous avons 47 postiers et livreurs, nous en avons recruté douze supplémentaires en CDD, dont certains pourront se voir offrir un CDI. Ils livrent entre 130 et 140 colis par jour, donc il fallait embaucher sur ces postes pour ne pas “exploser” les tournées », souligne le responsable du site. Au préalable, d’autres petites mains ont assuré le tri des colis à l’arrivée des camions (dans l’après-midi et dans la nuit) en prenant soin de les répartir par secteur, sauf pour le cas de Thionville et alentour où ce sont les opérateurs qui équilibrent leurs tournées en fonction du nombre de colis reçus par jour. Sur ces postes de trieurs, six personnes viennent renforcer la brigade. « Nous avons également embauché une personne chargée des relations clients » pour faire face aux petits couacs, ajoute Jean-Luc Lauvray, car cette période s’accompagne toujours d’erreurs d’adresse qu’il faut retracer afin de « satisfaire les clients ».

Au total, le site de Woippy couvre un territoire de 142 communes, dont la métropole de Metz, les agglomérations de Thionville et du Val de Fensch, le Saulnois, et nombre de petites villes ou villages jusqu’à la frontière luxembourgeoise. « C’est une période où l’on chamboule toute notre organisation, car on manque de place sur notre chaîne », reprend le responsable du site. Pour autant, les services habituels proposés par La Poste restent assurés. Du côté des salariés, c’est un véritable défi que d’approvisionner en temps et en heure tous les destinataires. « Ils mettent un point d’honneur à livrer les colis jusqu’au jour J du 24 décembre, même en cas d’erreur sur l’adresse. Ils cherchent et trouvent les clients. » Contribuant, à leur échelle, à la magie de Noël.