Epuisée, cette médecin généraliste va arrêter son activité : "On sauve sa peau"

Christelle Meurisse, médecin généraliste à Nantes (Loire-Atlantique), dévissera sa plaque en avril 2023, éreintée par la dégradation progressive de ses conditions de travail.

Christelle Meurisse, médecin généraliste à Nantes, est porte-parole du mouvement Médecins pour demain dans les Pays de la Loire.
Christelle Meurisse, médecin généraliste à Nantes, est porte-parole du mouvement Médecins pour demain dans les Pays de la Loire. (© Julien Sureau / actu Nantes)
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Son père, médecin de campagne, l’avait pourtant mis en garde. « Il a fini sur les rotules. » Christelle Meurisse n’a pas écouté ses conseils et le concède aujourd’hui avec une pointe d’amertume. 10 ans après s’être installée dans le centre-ville de Nantes (Loire-Atlantique), la généraliste a décidé de quitter son cabinet et de tourner la page.

Épuisée, rongée par le métier. Débordée par une charge administrative qui augmente sans cesse, écœurée par un système de santé qui a fini par la broyer.

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« J’ai tourné le problème dans tous les sens »

À bout de souffle, elle dévissera sa plaque en avril 2023. « À regrets, assure-t-elle. Ce n’est pas une décision facile à prendre, mais je ne trouve plus de sens dans mon travail. J’ai tourné le problème dans tous les sens. À un moment donné, on sauve sa peau. »

Ces deux prochains jours, elle ne recevra aucun patient à l’instar des trois quarts des médecins généralistes ayant prévu de participer au mouvement de grève. Le ras-le-bol est général, la mobilisation inédite. « C’est que l’heure est grave », pense la généraliste, porte-parole du mouvement Médecins pour demain dans les Pays de la Loire.

Union sacrée

L'appel à l’union sacrée du collectif Médecins pour le mouvement de grève des 1er et 2 décembre 2022 a été entendu. S'ils ont des revendications différentes, des syndicats soutiennent le mouvement comme l’Union française pour une médecine libre (UFML-S), la Fédération des médecins de France (FMF), Jeunes médecins, le syndicat des médecins libéraux (SML), MG France et CSMF. Sa représentante en Loire-Atlantique, Dr Anne Marie Ladevèze, est médecin à La Montagne. Sans réclamer le doublement du coût de la consultation de base, elle défend « un accès aux soins pour tous, avec le médecin traitant comme pivot d’une équipe autour de lui ». Jointe par actu Nantes, elle s'oppose par ailleurs à la quatrième année d’internat dans les déserts médicaux et à toute coercition pour l’installation.

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« Ça fait des années qu’on ne dit rien, qu’on a la tête dans le guidon »

Rencontrée ce jeudi matin à son domicile, Christelle Meurisse ne chôme pas pour autant. Des pancartes à confectionner, des slogans à imaginer. Un rassemblement de la profession est prévu sur l’île de Nantes ce jeudi 1er décembre, à 14 h, devant le siège de l’Agence régionale de santé.

« Faire grève, ce n’est pas dans notre ADN », insiste la Nantaise de 41 ans. « Ça fait des années qu’on ne dit rien, qu’on a la tête dans le guidon. Ce mouvement nous permet de nous rassembler et de nous unir. Le gouvernement a deux jours pour s’en rendre compte. »

Parmi les revendications des médecins, on retrouve la volonté d’augmenter les tarifs des consultations, jusqu’à 50 euros l’acte. Une juste reconnaissance, dit Christelle Meurisse : 

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Cette revalorisation serait utilisée pour valoriser les cabinets, être mieux équipé, embaucher des assistants et des secrétaires. Nous, les médecins, pourrions nous concentrer sur le soin. Aujourd'hui, on nous encourage à avoir des usines à gaz. L'approche doit être centrée sur le patient. J'ai fait ce travail pour soigner, pas pour passer mon temps dans la paperasse…

Christelle MeurisseMédecin généraliste à Nantes

Engagée, la docteure l’était déjà dans le huis clos de son cabinet. « Mes patients, ça fait longtemps qu’ils m’entendent râler », sourit-elle. Son appel à l’aide n’est plus silencieux. 

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