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Microbiote buccal : comment en prendre soin ?

Se brosser les dents deux fois par jour 
Utiliser une brosse à dents souple 
Choisir un dentifrice avec du fluor 
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Prévenir caries et parodontite, mais aussi maladies cardiovasculaires ou diabète, c’est possible si l’on veille au bon équilibre entre les milliers de micro-organismes qu’héberge notre bouche.

Le microbiote buccal constitue notre deuxième flore la plus abondante après celle du côlon. Composé de bactéries (plus de 700 espèces répertoriées), champignons, et virus, ce microbiote forme un biofilm déposé sur nos dents, nos gencives et l’ensemble de nos muqueuses buccales. Lorsque cette flore est saine, peuplée essentiellement de bactéries "amies", elle joue un rôle protecteur. On parle alors d’eubiose, situation idéale pour la santé. Mais cette diversité bactérienne peut être bouleversée, avec le développement anarchique de micro-organismes pathogènes. Cette dysbiose favorise alors les pathologies bucco-dentaires (caries, inflammation des gencives, parodontite…) mais pas seulement.

Des bactéries nocives qui font des dégâts dans tout l'organisme

"Des liens avec des pathologies aussi diverses que les cancers digestifs, les maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer), cardiaques, métaboliques (diabète), pulmonaires ou inflammatoires (maladie de Crohn ou polyarthrite rhumatoïde, dépression…) semblent exister", affirme le Dr Bruno Donatini, médecin gastro-entérologue et auteur de La bouche, miroir de votre santé (Ed Flammarion). Les bactéries nocives peuvent en effet migrer dans tout l’organisme par la voie sanguine, nerveuse ou digestive et causer des dégâts à distance. "La dysbiose buccale déstabilise également l’autophagie ", poursuit notre expert. Il s'agit de la capacité des cellules à se nettoyer des virus, des bactéries intracellulaires et des dépôts graisseux. De plus en plus d’études s’intéressent aujourd’hui à ce phénomène. Le Pr Vincent Meuric, chirurgien-dentiste et chercheur en microbiologie à l’INSERM précise : "Les liens entre dysbiose et endocardite sont aujourd’hui bien connus. Pour de nombreuses autres pathologies, il s’agit encore de travaux expérimentaux, qui demandent à être validés par des études sur de larges cohortes de population".

Comment prendre soin de son microbiote buccal ?

Reconnaître les signes d'un déséquilibre

Les caries, les abcès ou les kystes dentaires (parfois indolores), la gingivite (saignement des gencives) et la parodontite (atteinte de l’os) : toutes ces pathologies signalent un déséquilibre du microbiote. Mais le Dr Donatini alerte aussi sur d’autres symptômes, tels que les allergies, les aphtes à répétition, les candidoses buccales ou encore les boutons de fièvre. A prendre en compte également : la mauvaise haleine, la sécheresse buccale, la langue fissurée "géographique" ou gonflée et gardant l’empreinte des dents. "Ces affections témoignent d’une baisse de l’immunité. Des défenses immunitaires dégradées sont la porte ouverte à la prolifération de mauvaises bactéries en bouche, qui déstabilisent rapidement le microbiote".

Marche à suivre :

Consulter le chirurgien-dentiste pour des soins appropriés. Le Dr Donatini préconise de faire un bilan sanguin (dosage du taux de vitamine D, des anticorps et des globules blancs, sérologie de certains virus comme le cytomégalovirus ou l’Epstein Barr Virus…).

Renforcer le système immunitaire. "En fonction des résultats, une supplémentation en vitamine D et/ou en plantes et champignons immunostimulants tels que l'Échinacée, le Reishi, le Maitaké ou le Coriolus versicolor pourra être indiquée. Elle permettra de détruire les virus et d’assainir le microbiote. Je conseille également de travailler sur le foie qui filtre le sang et élimine les toxines. Ici, on optera pour le Chrysantellum ou le Chardon-Marie", ajoute notre expert.

Bien nourrir son microbiote

Les bonnes habitudes alimentaires sont les meilleures alliées d’un microbiote équilibré. Plus globalement, ces bons réflexes s'appliquent aussi à l'hygiène de vie.

Marche à suivre :

Éviter les sucres (sucreries, sodas, alcool ou jus de fruits) car ils fermentent et favorisent la formation d’acides qui attaquent les dents et les gencives. Ils sont également présents (mais pas ou peu nocifs) dans les fruits, les légumineuses et certains légumes (betterave, asperge, choux, carottes…).

Bannir le tabagisme, le grignotage, la consommation excessive d’aliments mous ou moulinés.

Privilégier les aliments riches en fibres. "Ils diminuent fortement l’agressivité de l’acide et augmentent la diversité de la flore en bouche", rassure le Dr Donatini.

Stimuler la mastication en consommant des légumes crus ou peu cuits qui favorisent la sécrétion de salive et la prédigestion en bouche. Les enzymes digestives sont stimulées, ce qui préserve l’eubiose et relance les mécanismes d’autophagie. En cas d'entrave à la bonne mastication (absence de dents, dysfonctionnement de l’articulé temporo-mandibulaire…), il convient de consulter son chirurgien-dentiste, un orthodontiste ou un ostéopathe pour rétablir la fonction.

Prévenir les problèmes de bouche sèche en suçant un noyau de fruit, pour stimuler la salivation.

Adopter une bonne hygiène bucco-dentaire

Rien de bien nouveau mais un rappel indispensable, dans la mesure où la consommation annuelle de brosses à dents est de … 1,5 par an/personne.

Marche à suivre :

Se brosser les dents deux fois par jour, pendant deux minutes avec une brosse manuelle ou électrique à poils souples. Le brossage s’effectue de façon verticale, du haut de la dent vers le bas, à l’avant et à l’arrière de la surface dentaire. Pour info, plus de 35% des Français se brossent les dents une seule fois par jour.

Choisir un dentifrice avec au moins 1450 ppm de fluor selon la recommandation de l’OMS. Le fluor réduit l’apparition des caries, prévient la formation de la plaque dentaire en limitant l’adhésion des germes à la surface de l’émail et renforce la résistance aux attaques acides. (Fluocaril bi-fluoré, gel dentifrice GUM Bio, Elgydium Chrono, un dentifrice éducatif qui libère un pigment indiquant que c’est le moment de rincer).

Utiliser ensuite du fil dentaire, une brossette interdentaire ou un jet hydropulseur. Un geste essentiel, sachant que 40% de la surface des dents se trouve entre les dents.

Procéder à un contrôle chez le dentiste deux fois par an pour un examen complet et un détartrage.

Analyser la flore buccale

Aujourd’hui, il est possible de mesurer la qualité de sa flore buccale, grâce à des tests respiratoires simples pratiqués dans certaines cliniques ou hôpitaux.

Marche à suivre :

Faire un examen. Il consiste à souffler dans un ballon branché sur un nez électronique qui spécifie les microbiotes en fonction des composés organiques volatils et de la nature des gaz rejetés. Une lampe à UV noir (lampe de Wood) permet également d’apprécier dans ses grandes lignes la qualité de la flore buccale. Renseignez-vous auprès de votre chirurgien-dentiste.

Des brosses à dents écolos et bon marché

  • Futée. La brosse à dents Interdental Pro de Fluocaril permet de réduire de 60 % l’usage de plastique en réutilisant le manche. Le kit de démarrage incluant 1 manche durable et 2 têtes remplaçables (souple ou médium), coûte environ 6,95 € ; le kit de recharge de 2 têtes remplaçables, environ 4,90 €.
  • Made in France. Signées Bioseptyl, les Recyclettes sont des brosses à dents aux teintes vitaminées ou pastel, avec un manche en plastique 100 % recyclé et recyclable. Environ 4,30 €.
  • Ecoconçue. Brosse à dents Elgydium Style Recycled (souple ou médium), en plastique recyclé, environ 4,25 €.

Une bonne hygiène bucco-dentaire contre la profifération des bactéries

"En cas de caries, des lactobacilles et des streptocoques pullulent en bouche. Régulièrement ingérées, ces bactéries arrivent à passer la barrière gastrique et modifient le microbiote intestinal. Elles influencent donc notre santé globale. Mais les travaux font encore défaut pour savoir précisément comment. En cas de parodontite, des bactéries anaérobies telles que Fusobacterium nucleatum ou Porphyromas gingivalis prolifèrent et se disséminent dans l’organisme par voie sanguine. On a pu retrouver ce type de bactéries sur des tumeurs cancéreuses du côlon : est-ce qu’elles s’y multiplient car l’environnement leur est favorable ? Ou bien sont-elles à l’origine du processus cancéreux ? Là encore, les études manquent pour trancher. Une certitude toutefois : une bonne hygiène bucco-dentaire n'est pas une option !"

Merci au Pr Vincent Meuric, chirurgien-dentiste, chercheur en microbiologie à l’INSERM (Université de Rennes).

Prendre soin de sa flore intestinale est essentiel

"Buccale, intestinale..., toutes les flores sont liées au système immunitaire. Le microbiote intestinal, en particulier, s’avère être une voie prometteuse dans le traitement du cancer. Des travaux en cours sur celui-ci montrent qu’en fonction de sa composition et de sa diversité, l’immunothérapie dans les cancers de la vessie, du poumon, du rein et du mélanome sera plus ou moins efficace. Ils consistent soit à substituer une flore saine à la flore présente via la transplantation fécale, soit à la supplémenter en probiotiques (Bifidobacterium, Akkermansia) ou bien en prébiotiques, contenus majoritairement dans les fibres alimentaires. Ces deux stratégies font l’objet d’essais thérapeutiques. Mon conseil : indépendamment de la pathologie cancéreuse, prendre soin de sa flore intestinale est essentiel. Cela passe par une alimentation équilibrée, riche en fibres, mais aussi la pratique d’une activité physique, pour stimuler l’immunité et prévenir différentes maladies."

Merci au Dr Safae Terrisse, oncologue, chercheuse en immuno-oncologie et spécialiste du microbiote.

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Par la rédaction