Sa facture d’électricité et de chauffage est dérisoire grâce à sa maison bioclimatique


Sa facture d’électricité et de chauffage est dérisoire grâce à sa maison bioclimatique

La maison bioclimatique de Jean-Louis Gaby avant l'installation des panneaux photovoltaïques.

Tout plaquer pour construire sa propre maison bioclimatique ? C’est le choix de cet ingénieur, qui a abandonné son emploi pour bâtir une villa expérimentale en Auvergne. Grâce à un parc de panneaux solaires thermiques et photovoltaïques ainsi qu’un système d’isolation redoutablement efficace, sa facture d’énergie ne dépasse pas 450 € par an.

L’éco-construction permet de créer des logements particulièrement sobres, parfois autonomes voire à « énergie positive » dans certains cas. La plupart du temps, le soleil suffit à satisfaire les besoins en eau chaude, chauffage et électricité.

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Parfaitement isolés, ils conservent efficacement la chaleur en hiver tout en la repoussant en été. Un concept qui n’est hélas toujours pas unanimement exploité dans les constructions neuves.

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Quitter son emploi pour auto-construire une maison bioclimatique

Il est pourtant éprouvé depuis des décennies et son efficacité est reconnue. À Tortezais (Allier), Jean-Louis Gaby est un des premiers particuliers à s’être lancé dans la conception d’une maison à très haute performance énergétique. En 1982, cet ex-ingénieur électromécanicien a quitté son emploi à l’Arsenal de Cherbourg pour consacrer l’intégralité son temps à la construction de sa villa bioclimatique.

« L’idée m’est venue lors d’une conférence d’un professeur de physique sur les dangers du nucléaire » explique-t-il. « J’en suis ressorti antinucléaire, car j’ai constaté qu’on m’avait menti au cours de mes études. Puis j’ai voulu montrer qu’on pouvait remplacer le nucléaire par le solaire » lance le désormais retraité.

La maison de Jean-Louis Gaby en l’état actuel (panneaux photovoltaïques à gauche, panneaux solaires thermiques à droite).

Comment a-t-il pu subvenir à ses besoins durant plusieurs années sans travailler ? « Je partais d’un très bon de salaire d’ingénieur dans l’armement. Avec mes économies, j’ai investi dans un logement qui m’a rapporté un loyer et ma femme travaillait » détaille Jean-Louis Gaby.

L’homme réalise seul l’intégralité des travaux : des plans aux fondations, jusqu’à l’installation du dernier panneau solaire thermique en 1998, seize années après la pose de la première pierre. Il jouit désormais d’une habitation de 149 m² produisant une grande partie de sa consommation d’énergie. L’essentiel provient du soleil : il lui permet de couvrir 80 % de ses besoins de chauffage et d’eau chaude sanitaire en moyenne sur l’année.

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Solaire passif et solaire actif : quelles différences ?

40 % sont fournies par le solaire « passif », un système tout simplement basé sur un double vitrage peu émissif « qui permet de conserver la chaleur à l’intérieur grâce à un revêtement sélectif », explique-t-il. En clair, les rayons de soleil qui traversent ses 19 m² de fenêtres (essentiellement orientées plein sud, mais également ouest et est) sont piégés dans le logement grâce à un revêtement sélectif à sens unique. L’habitation est donc chauffée par effet de serre.

Ces apports sont complétés par 40 % de solaire « actif », représentés par 20 m² de capteurs solaires thermiques en toiture. Le dispositif permet de porter de l’eau à environ 50 °C pour le système de chauffage et 90 °C pour l’eau chaude sanitaire.

La peinture des corps noirs d’origine s’usant, ils ont été remplacés par des corps noirs neufs en 2013.

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Un poêle à bois en complément

Le système est si efface que la température dépasse parfois 200 °C. Pour éviter la surchauffe, Jean-Louis Gaby a installé un aérotherme de 20 kW en façade. Ce puissant ventilateur dissipe l’excédent de chaleur dans l’atmosphère, le temps de retrouver une température plus acceptable.

Le réseau de chauffage est constitué de 600 m de tuyaux en PEBD coulés dans la dalle de béton. 260 litres de liquide caloporteur antigel (un mélange d’eau et de propylène glycol) y circulent afin de transférer la chaleur des capteurs solaires dans l’habitation et le ballon d’eau chaude de 150 litres.

Les 20 % de chaleur restants sont apportés par un petit poêle à buches. « J’ai seulement besoin d’un stère de bois qui me coûte 50 à 70 € par an », assure Jean-Louis Gaby.

Poêle à bois et aérotherme.

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Une excellente isolation thermique

Son logement n’est pas seulement chauffé par une ressource renouvelable, il est aussi et surtout parfaitement isolé. Les murs porteurs sont composés de 30 tonnes de parpaings « remplis de sable, pour assurer une meilleure inertie », explique-t-il.

À l’intérieur, les murs sont recouverts d’une couche de 10 cm de polystyrène expansé (PSE), de laine de verre ou de mousse de polyuréthane par endroits. La façade externe est isolée par un enduit ou un bardage en bois et le plafond bénéficie de 20 à 30 cm d’épaisseur de laine de verre. Cette excellente isolation permet de se passer de climatisation durant l’été. Les courants d’air à travers les fenêtres suffiraient à rafraîchir l’habitation d’après le propriétaire.

L’installation du bardage isolant sur les façades extérieures.

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Sa voiture électrique carbure au soleil

Pour la production d’énergie, l’ex-ingénieur a tout misé sur le solaire : cette ressource lui apporte de la chaleur, mais également de l’électricité depuis 2017. Sa toiture est équipée de 20 m² de panneaux photovoltaïques polycristallins d’une puissance de 2,7 kWc.

La centrale produit en moyenne 2 900 kWh chaque année, soit presque autant que sa consommation. Jean-Louis Gaby affirme consommer 3 000 kWh d’électricité annuellement, dont 1 500 kWh pour sa voiture électrique. Il s’est en effet procuré une Citroën C-Zéro d’occasion achetée 9 000 € en 2015, avec laquelle il parcourt entre 10 000 et 12 000 km annuels.

L’excédent de production solaire est automatiquement injecté dans le véhicule et dans les chauffe-eau, grâce à des délesteurs. Toutefois, faute de batterie domestique, il doit très souvent se résigner à l’injecter gratuitement dans le réseau public.

L’installation des panneaux solaires photovoltaïques en 2017.

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Des apports énergétiques extérieurs très limités

Il est également contraint d’utiliser l’électricité du réseau lorsque les panneaux photovoltaïques ne fournissent pas suffisamment de puissance pour ses besoins, principalement en hiver.

Chaque mois, le retraité paye seulement 31 € de facture d’électricité. Un montant particulièrement faible pour une maison individuelle de 149 m². En incluant le coût du bois de chauffage, Jean-Louis Gaby s’acquitte d’une facture énergétique annuelle n’excédant pas 450 €.

C’est peu : en 2020, les dépenses moyennes de chauffage s’élevaient à 1 369 € pour un particulier français utilisant une chaudière au gaz, 1 777 € pour des radiateurs électriques et 2 108 € pour une chaudière au fioul.

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Pour en savoir plus : la page Facebook de Jean-Louis Gaby.

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