Une chute inédite des admissibles au Capes et au CRPE notamment en maths et allemand

Amélie Petitdemange Publié le
Une chute inédite des admissibles au Capes et au CRPE notamment en maths et allemand
La baisse du nombre d'admissibles au Capes de maths fait craindre un manque de professeurs à la rentrée. // ©  DEEPOL by plainpicture/JGI/Tom Grill
Le nombre de candidats admissibles aux concours de l'enseignement est particulièrement bas pour cette session 2022, d'après les premiers résultats publiés début mai. Les cas du CRPE et du Capes de mathématiques et d'allemand alertent notamment la profession. Le ministère de l'Education nationale assure avoir anticipé cette situation qui serait liée à la réforme du master MEEF.

Les résultats d'admissibilité des concours de professeurs sont annoncés jusqu'en juin, selon la discipline. Le nombre d'admissibles est pour l'instant très bas pour cette session 2022 notamment en maths et en allemand. Ils sont ainsi 816 admissibles pour le Capes de mathématiques… sur 1.035 postes à pourvoir. A titre de comparaison, 1.702 candidats ont été admissibles pour 1.167 postes en 2021. Une situation similaire au Capes d'allemand, avec seulement 83 admissibles pour 215 postes ouverts cette année, contre 179 admissibles en 2021. Un vivier qui sera encore réduit à l'admission. Cette situation alerte les enseignants.

Une pénurie de professeurs pour la rentrée ?

Au CRPE (concours de recrutement des professeurs des écoles), la dynamique est la même. "Les premiers chiffres font craindre le pire : des académies qui chaque année pourvoient tous les postes offerts pourraient effectivement ne pas faire le plein. La chute importante du nombre de candidats présents fait baisser fortement le taux d’admissibilité. Ainsi, à Montpellier, le nombre d’admissibles par poste offert au concours externe n'est que de 1,53. A Grenoble, il est de 1,22 et pour l'académie de Dijon, ce chiffre tombe à 1,15", s'inquiète le SNUIPP-FSU dans un communiqué.

Les premiers chiffres font craindre le pire : des académies qui chaque année pourvoient tous les postes offerts pourraient effectivement ne pas faire le plein. (SNUIPP-FSU)

Le syndicat dénonce une politique qui favorise le recours aux contractuels, que les rectorats peinent pourtant à recruter. "Combien de classes se retrouveront sans professeur à la rentrée ?", interroge le syndicat. Une problématique d'autant plus criante que le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé sa volonté d'ajouter 1h30 de maths au tronc commun dès la rentrée prochaine.

Des étudiants qui ont déjà obtenu le concours

Face à cette montée au créneau, le ministère de l'Education nationale s'est exprimé auprès de journalistes, mercredi 11 mai. "Les élèves auront bien des professeurs devant eux à la rentrée dans l'ensemble des disciplines concernées, y compris les maths puisque c'est l'un des concours qui suscite des questions", a affirmé Édouard Geffray, directeur général de l’enseignement scolaire. Ce phénomène a été "anticipé" par le ministère, a-t-il assuré, puisqu'il résulte de la réforme du master MEEF dont sont issus de nombreux candidats.

Depuis cette année, les étudiants en master MEEF passent en effet le concours en M2 et non plus en M1. Or les étudiants qui arrivent en M2 cette année ont déjà obtenu le concours en M1 l'année dernière, ce qui réduit le vivier de candidats. La conséquence de cette réforme est particulièrement visible pour le CRPE, qui compte plus de candidats en master MEEF que le Capes. La remise en question des plans de carrière pendant le Covid et la défection vis-à-vis de tous les concours de la fonction publique sont aussi évoqués.

D'autres voies d'accès pour devenir enseignant

"Nous savions pertinemment que cette année, nous aurions un petit artefact. Nous avons une vision pluriannuelle des besoins à trois ou quatre ans et le niveau de recrutement maintenu depuis plusieurs années a permis de reconstituer des marges de manœuvre", a affirmé Edouard Geffray. Il a par ailleurs rappelé que d'autres voies d'accès existent, comme le troisième concours, afin d'alimenter les postes non pourvus. "Il ne s'agit pas de satisfaire tous les postes quel qu'en soit le prix, il s'agit de recruter des profs compétents", a défendu Edouard Geffray.

Nous avons une vision pluriannuelle des besoins à trois ou quatre ans et le niveau de recrutement. (E. Geffray, Dgesco)

Le manque d'attractivité du métier se fait cependant sentir depuis plusieurs années. Les trois académies d'Ile-de-France sont particulièrement concernées. En mathématiques et en allemand, disciplines qui inquiètent depuis la publication des résultats 2022, le recrutement est difficile chaque année, a admis Vincent Soetemont, directeur général des ressources humaines, lors de l'allocution à la presse. "Nous sommes sur des disciplines où l'ensemble des postes n'est pas pourvu : 75% de postes pourvus en allemand et 84% en maths pour l'année 2019. Nous avons aussi des difficultés à recruter en lettres classiques et modernes".

Pour le SNUIPP-FSU, le constat est clair : le métier de professeur n'attire plus. Une "crise inédite du recrutement" qui doit être enrayée par une amélioration des conditions de travail et une revalorisation des salaires.

Amélie Petitdemange | Publié le