Home : à Londres, la maison en brique éco-responsable de Studio CAN

Dans un quartier situé au sud de la Tamise, derrière une façade de brique rouge semblable à celles des maisons voisines, la propriété de Mat Barnes, architecte fondateur du studio CAN, est le résultat d’un surprenant projet architectural où écoresponsabilité rime avec félicité.

C’est très certainement l’état de délabrement du bâtiment, abandonné par les anciens propriétaires, qui a attiré l’œil de Mat Barnes. Le fondateur du studio CAN a vu l’opportunité d’une rénovation radicale à travers laquelle il pourrait pleinement exercer sa créativité. Surnommée Moutain View, en raison du fronton de l’extension donnant sur le jardin, cette curieuse maison s’inscrit dans le courant postmoderne.

Une maison fantaisiste

L’architecte Mat Barnes avec sa femme, Laura, et leurs deux enfants, Aurie et Sidney, autour de la table de la salle à manger de la collection « Liquid Geology » du studio CAN. Pour apporter encore plus de clarté à la véranda, installée dans l’extension, deux puits de lumière ont été créés. La cheminée d’origine a été conservée lors de la rénovation. Fauteuil et ottoman Hai, design Luca Nichetto (Hem). Table d’appoint de la collection « Liquid Geology » du studio CAN, à base de pneus recyclés.
L’architecte Mat Barnes avec sa femme, Laura, et leurs deux enfants, Aurie et Sidney, autour de la table de la salle à manger de la collection « Liquid Geology » du studio CAN. Pour apporter encore plus de clarté à la véranda, installée dans l’extension, deux puits de lumière ont été créés. La cheminée d’origine a été conservée lors de la rénovation. Fauteuil et ottoman Hai, design Luca Nichetto (Hem). Table d’appoint de la collection « Liquid Geology » du studio CAN, à base de pneus recyclés. Helenio Barbetta / Living Stone

« L’inspiration est venue d’une montagne très réaliste à Disneyland, en Californie, une attraction appelée Matterhorn Bobsleds », explique l’architecte. La structure est faite à partir de mousse d’aluminium, un matériau très léger. « Je voulais quelque chose d’ambivalent, qui ait l’air lourd par opposition à la légèreté de la partie ajoutée dont les éléments porteurs ont été réduits au minimum », détaille-t-il. 

La maison est surnommée Mountain View en raison du fronton de la véranda inspiré de l’attraction Matterhorn Bobsleds, de Disneyland, en Californie. Fauteuil et ottoman Hai, design Luca Nichetto (Hem). Table d’appoint de la collection « Liquid Geology » du studio CAN.
La maison est surnommée Mountain View en raison du fronton de la véranda inspiré de l’attraction Matterhorn Bobsleds, de Disneyland, en Californie. Fauteuil et ottoman Hai, design Luca Nichetto (Hem). Table d’appoint de la collection « Liquid Geology » du studio CAN. Helenio Barbetta / Living Stone

Pour saisir toute la complexité et l’originalité du projet, il faut pouvoir visualiser la maison dans son ensemble : le hall d’entrée lumineux, qui distribue le salon, habillé du sol au plafond d’un bleu profond, la cuisine, pleine d’objets créatifs, et la véranda, donnant sur le jardin.

Dans la véranda, canapé Angle, design Simon Pengelly (Modus). Lampadaire Habitat. Table d’appoint DLM de Thomas Bentzen (Hay). Sur le fauteuil vintage, coussin de la collection « Wrong For Hay», de Nathalie Du Pasquier (Hay). Tapis Gimle (Fabula Living).
Dans la véranda, canapé Angle, design Simon Pengelly (Modus). Lampadaire Habitat. Table d’appoint DLM de Thomas Bentzen (Hay). Sur le fauteuil vintage, coussin de la collection « Wrong For Hay», de Nathalie Du Pasquier (Hay). Tapis Gimle (Fabula Living). Helenio Barbetta / Living Stone

La cuisine, l’une des pièces phares, comprend un mur en béton brut – toile de fond de la table de la salle à manger –, qui contraste avec les murs en briques apparentes peintes en vert clair avec deux flèches rouges incrustées, semblant sortir d’un dessin animé. Les placards ont été réalisés en plastique recyclé provenant principalement de planches à découper et de bouchons de bouteilles de lait, tandis que les colonnes de soutien, mi-rouges, mi-blanches, rappellent les étais métalliques…

Dans la pièce à vivre, éléments de cuisine en plastique recyclé Smile Plastics. Table de salle à manger de la collection « Liquid Geology », du studio CAN, vase Carrot de la collection « Memphis Milano », design Nathalie Du Pasquier, et sculpture The Lover I Figurine, de la collection « The Fantasy », signée Jaime Hayón (LLadró).
Dans la pièce à vivre, éléments de cuisine en plastique recyclé Smile Plastics. Table de salle à manger de la collection « Liquid Geology », du studio CAN, vase Carrot de la collection « Memphis Milano », design Nathalie Du Pasquier, et sculpture The Lover I Figurine, de la collection « The Fantasy », signée Jaime Hayón (LLadró). Helenio Barbetta / Living Stone

Entre la cuisine et l’extension de la maison, qui abrite la véranda, deux parties de l’ancien mur de brique ont été laissées dans un état de démolition partielle. « Je me suis inspiré d’un mur qui s’effrite dans une scène du film Trainspotting (réalisé par Dany Boyle en 1996, NDLR) », souffle l’architecte. Ils servent désormais d’éléments décoratifs sur lesquels ont été disposées des plantes.

Au cours des travaux, le studio CAN a découvert que le sol pouvait être abaissé de près d’un mètre jusqu’au niveau du jardin, ce qui a permis de donner du volume à cet espace, habituellement rare dans les maisons anglaises.

Le salon entièrement bleu est une évocation du Sir John Soane’s Museum, à Londres, où Mat Barnes a exposé. Table basse de la collection « Liquid Geology » du studio CAN. Paire de canapés Julien (Habitat).
Le salon entièrement bleu est une évocation du Sir John Soane’s Museum, à Londres, où Mat Barnes a exposé. Table basse de la collection « Liquid Geology » du studio CAN. Paire de canapés Julien (Habitat). Helenio Barbetta / Living Stone

Quant au salon, il rend hommage au Sir John Soane’s Museum, à Londres, où Mat a conçu une installation temporaire. Entièrement bleu foncé, il dégage une atmosphère unique par ses proportions réduites et sa couleur enveloppante. Sur les murs, des décors en plâtre ont été ajoutés et peints dans la même tonalité. 

/ Sur les marches qui séparent l’entrée de l’espace à vivre, l’inscription « Waste Not Want Not » (ne pas gaspiller, ne pas vouloir) était l’une des devises de la grand-mère de l’architecte.
/ Sur les marches qui séparent l’entrée de l’espace à vivre, l’inscription « Waste Not Want Not » (ne pas gaspiller, ne pas vouloir) était l’une des devises de la grand-mère de l’architecte. Helenio Barbetta / Living Stone

Ailleurs dans la maison, d’autres effets visuels saisissent : les carrelages utilisés sur des portions du sol, le damier gris et blanc des murs de la véranda ou les petits carreaux bleus et blancs de la salle de bains, qui contrastent avec le plafond orange vif. Dans l’escalier qui mène à l’espace nuit, le plafond dont on a conservé les poutres d’origine – repeintes en couleur – a laissé place à un puits de lumière. 

L’influence du mouvement Memphis

À l’étage, dans la chambre parentale, portrait de la maîtresse de maison par l’artiste Dijan Malla. Dans la salle de bains, miroir Coastal, design Kieran Letts (Heal’s). Lavabo Forme.
À l’étage, dans la chambre parentale, portrait de la maîtresse de maison par l’artiste Dijan Malla. Dans la salle de bains, miroir Coastal, design Kieran Letts (Heal’s). Lavabo Forme. Helenio Barbetta / Living Stone

De tous ces éléments se dégage le mélange d’influences auxquelles Mat Barnes est attaché, du mouvement Memphis (créé par le designer et architecte Ettore Sottsass en 1980) au postmodernisme en passant par le pop art et la réinterprétation de styles plus classiques. L’architecte du studio CAN n’est pas uniquement tourné vers le passé, mais il le convoque par touches.

Dans la seconde salle de bains, les carreaux bleus et blancs s’entrechoquent avec l’orange vif, une pièce détonnante ! Baignoire Kaldewei. À droite,  La fenêtre aux tons vifs réveille la chambre d’amis. Commodes Nikkeby (IKEA).
Dans la seconde salle de bains, les carreaux bleus et blancs s’entrechoquent avec l’orange vif, une pièce détonnante ! Baignoire Kaldewei. À droite,  La fenêtre aux tons vifs réveille la chambre d’amis. Commodes Nikkeby (IKEA). Helenio Barbetta / Living Stone

«Je pense qu’en architecture toute inspiration devrait être autorisée, dit-il. Cette réhabilitation traduit ma pensée selon laquelle cet art doit s’appliquer à représenter la personnalité des utilisateurs. La maison reflète aussi les goûts de mon épouse. Bien qu’elle ne soit pas designer, elle a exprimé son opinion, comme un client face aux propositions d’un architecte. Et ses suggestions font partie de la réalisation. » Une façon aussi d’insuffler de la joie dans tous ses projets.