Pas besoin d’être proche de l’eau pour produire des microalgues ! C’est en effet au pied des Alpes autrichiennes que la société Jongerius ecoduna en cultive, à destination du secteur alimentaire. Elle alterne les variétés d’eau douce, suivant les saisons : spiruline tirant sur le bleu l’été, chlorelle d’un vert éclatant au printemps et en automne. Ici, pas de bassins ouverts. Tout se joue au sein d’une immense serre de 10.000 mètres carrés où se tient un imposant système de « photo-bioréacteurs » aux allures futuristes. La technologie consiste à faire proliférer des microalgues en suspension dans de l’eau, à l’intérieur de grandes colonnes en verre qui laissent passer le soleil. Plus de 44.000 de ces tubes, bourrés de capteurs, sont alignés en rangs serrés. De l’air y est injecté afin de brasser la spiruline ou la chlorelle. Les microalgues reçoivent ainsi suffisamment de lumière tout en restant constamment alimentées en CO2 et en nutriments.

Ces tubes nettoyés s’apprêtent à recevoir des algues qui atteindront la densité suffisante au bout de huit semaines. Mais la production ne repart pas forcément de zéro, comme ici. De février à novembre, elle est entretenue en permanence, de sorte à pouvoir être récoltée chaque semaine. © Manolo Mylonas pour Capital
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Cette installation brevetée reproduit le processus naturel de la photosynthèse. « Nos algues transforment le CO2 en biomasse et en oxygène, grâce à l’énergie apportée par le soleil », résume Lukas Neuwirth, responsable qualité chez Jongerius ecoduna. La petite entreprise de 17 salariés a réussi à prouver que ce système pouvait fonctionner à une échelle industrielle. Ce qui a motivé, fin 2020, le rachat de cette start-up, créée sous le nom d’Ecoduna en 2008, par le groupe néerlandais Jongerius. Les avantages de ce mode de production sont multiples. A commencer par la qualité du produit fini. « Ce circuit fermé protège les algues des métaux lourds qui peuvent être présents dans l’environnement », observe l’ingénieur.

Dans la pépinière, ces petites bouteilles accueillent des souches d’algues maison, indispensables au démarrage de la culture. Il faut en fournir 100 litres pour espérer en récolter 10 fois plus à la fin. © Manolo Mylonas pour Capital
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Et, surtout, les rendements sont élevés : de 35 à 40 tonnes de poudre par an à l’hectare, soit 10 fois plus qu’en milieu ouvert, tout en réduisant au maximum la quantité d’eau utilisée. Une fois séchées, les microalgues sont réduites en poudre, puis commercialisées telles quelles ou sous forme de compléments alimentaires, à destination du grand public comme des entreprises.

Lorsque la production est mature, l’eau de culture est évacuée par filtration et centrifugation. Les algues sont ensuite séchées à température très douce, environ 40degrés, puis réduites en poudre, avant d’atterrir dans ce réservoir. © Manolo Mylonas pour Capital

Faibles en calories mais riches en protéines et en vitamines, la spiruline comme la chlorelle possèdent des qualités nutritionnelles exceptionnelles. Et leur culture est bien moins nocive pour la planète que l’agriculture traditionnelle. Ce qui explique que leur demande soit croissante.

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La poudre de microalgues peut être pressée en comprimés afin d’être consommée comme complément alimentaire. Mais elle est aussi vendue telle quelle, pour être utilisée en cuisine ou intégrée à des produits finis comme des pâtes, du miel ou du gin. © Manolo Mylonas pour Capital

Le marché européen devrait ainsi augmenter de 5% par an en volume, et atteindre 1,6 milliard d’euros d’ici 2031, d’après la société d’études Transparency Market Research. De quoi permettre aux comptes de Jongerius ecoduna, pour l’heure déficitaires, de passer eux aussi dans le vert !