«On est au bout du rouleau» : pourquoi les routiers font-ils grève ce lundi ?

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Guillaume Dominguez, édité par Laura Laplaud , modifié à

Le pouvoir d'achat est au cœur des préoccupations des Français et en attendant le projet de loi du gouvernement qui sera présenté en Conseil des ministres la semaine prochaine, les chauffeurs routiers montrent leur colère lundi matin. Cinq syndicats ont appelé à une grève nationale, réclamant une hausse des salaires.

À Moissy-Cramayel, en Seine-et-Marne, l'un des points de rassemblement des grévistes, les routiers sont déjà plus de 80 à s'être rassemblés sur le rond-point d'entrée de la zone industrielle du parc de Chanteloup. Cinq syndicats ont appelé à une grève nationale du secteur des transports routiers lundi matin. L'objectif de l'action : réclamer des hausses de salaire .

Une augmentation de salaire réclamée

C'est dans une ambiance bon enfant que se traduit le ras-le-bol des chauffeurs routiers lundi matin. Les syndicats, qui ont installé un stand d'information et un foodtruck qui distribue le petit-déjeuner, tous dénoncent des salaires et des conditions de travail qui ne leur permettent pas de vivre correctement.

À l'image de Mohamed, 47 ans, père de famille. "1.700-1.600 euros mois, on peut rien faire avec ça, le gaz est presque à 400 euros par mois, et c'est 1.000 euros de loyer, on ne peut pas continuer comme ça", souffle-t-il. Avec l'augmentation des prix, les fins de mois sont de plus en plus difficiles pour lui. Mohamed estime qu'il lui faudrait au moins 2.200 euros par mois, soit une augmentation de 40% de son salaire.

"Il faut sortir les muscles"

Mais dans sa branche, les récentes négociations avec la direction ne lui promettent qu'une augmentation de 6%. "Il faut sortir les muscles", lance-t-il, prêt à poursuivre le mouvement. "On l'a déjà fait il y a des années. On va le refaire encore et ça ne nous dérange pas. On est au bout du rouleau. Je me lève le matin à 4h du matin jusqu'à 18h pour 1.600 euros... On risque nos vies, on ne peut pas continuer comme ça", avance-t-il.

De son côté, Arnaud, convoyeur de fonds depuis 20 ans, est lui aussi soumis aux conventions des transporteurs. En gagnant 1.600 euros par mois, il dit ne pas réussir à joindre les deux bouts pour la première fois. "J'ai fait un plein d'essence à 130 euros, il y a six mois ou un an, j'étais à 80 euros", assure-t-il. "Vous avez un budget de 200 euros supplémentaires qui aujourd'hui impacte tous les foyers et les paniers alimentaires, c'est la même chose, vous allez faire 150 euros de courses et vous avez l'impression que vous n'avez rien dans votre frigo."

"On est des smicards de la route"

Pour vivre correctement, il estime qu'il lui manque 500 euros par mois. Un constat partagé par Jean-Claude, chauffeur routier depuis 35 ans. "Il faut savoir qu'on est des smicards de la route, on est même pas à 11 euros de l'heure", tonne-t-il. "On demande de nouvelles négociations et qu'on prenne un peu plus en compte la pénibilité de notre métier parce qu'on ne voit pas grandir nos gosses, on est sur la route 10 heures par jour, on voudrait que le patronat ouvre les yeux sur tout ça", témoigne-t-il.

Plusieurs grévistes se disent prêts à mettre en place d'autres mouvements de grève s'ils ne sont pas entendus ce lundi.