Pénurie de médicaments : "Du jamais vu en 26 ans de carrière dans le Lot"

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  • Les pharmacies sont sous tension
    Les pharmacies sont sous tension DDM - Illustration - MARC SALVET
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l'essentiel La pénurie de médicaments n'en finit pas d'impacter les officines. Dans le Lot, la situation est critique comme dans d'autres départements. Pour Olivier Bories, président de l'ordre des pharmaciens du département, c'est du jamais vu.

Dans les pharmacies lotoises, c'est un casse-tête quotidien : comment trouver les médicaments qui manquent ? Certains professionnels ont même dédié un salarié à cette tâche qui passe parfois une à deux heures au téléphone avec les industriels à la recherche d'une boîte de médicaments pour un patient. Plus de 2 100 signalements de tension ou de rupture d'approvisionnement de médicaments ont été rapportés aux autorités de santé depuis le début de l'année, selon l'Agence de sécurité du médicament. Les épidémies hivernales, la demande mondiale qui explose et le marché français peu attractif pour les entreprises pharmaceutiques sont les raisons principales d'une pénurie sans précédent.

"Ce n'est pas un phénomène nouveau, on gère depuis plusieurs années des pénuries de médicaments mais depuis quelques mois c'est une escalade ! En 26 ans de carrière, je n'ai jamais connu autant de pénuries. On manque de produits de premières nécessités comme l'insuline ou pour les problèmes cardiovasculaires, de paracétamol. En ce moment, c'est encore plus tendu pour trouver des sirops antibiotiques ou des corticoïdes... On est vraiment dans une situation critique" déplore Olivier Bories, président de l'ordre des pharmaciens du Lot. Les officines tentent de trouver des solutions, elles passent leur temps à rappeler leurs fournisseurs, leurs grossistes ou leurs labos parfois les médecins pour changer tel ou tel médicament. 

Les remontrances des patients

"On fait du bricolage. On propose d'autres médicaments et on ajuste les dosages, par exemple un médicament pour adulte qu'on adapte aux enfants. Mais nous ne sommes pas plus touchés qu'ailleurs, la répartition des médicaments est bien réglementée et égalitaire, ce n'est pas parce que nous sommes un département rural" précise le pharmacien de Saint-Géry. Fort heureusement, en pleine épidémie de Covid et de grippe saisonnière, la pénurie ne touche pas les vaccins. Mais pour le reste, la situation n'est pas près de s'améliorer et les professionnels naviguent à vue."On ne sait pas comment cela va évoluer. C'est très difficile pour les traitements de maladies chroniques : dire aux patients qui ont besoin d'insuline quotidiennement, qu'on ne sait pas si on en aura, c'est dur" souffle Olivier Bories.

La faute selon lui à la mondialisation et à l'ouverture de l'accès aux soins, des pays qui achètent les médicaments bien plus chers que la France. "Les industriels vendent là où ça rapporte. Ils en donnent moins aux pays qui proposent un prix bas. D'ailleurs on le voit que les étrangers achètent leurs médicaments en France car nous sommes moins chers qu'ailleurs." En plus de cette crise sans précédent, les pharmaciens doivent faire face à l'incompréhension des patients. Agressivité verbale voire physique, impatience, colère, remontrances ou insultes, les professionnels subissent une double peine. "Alors qu'on n'y est pour rien ! On subit comme eux cette situation, il faut que les gens le comprennent" alerte-t-il. D'autant plus que le secteur est aussi touché par une pénurie de main-d’œuvre, 15 000 postes sont à pourvoir dans les labos, les officines ou l'industrie.

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Les commentaires (8)
Mangecoustelles Il y a 1 année Le 04/01/2023 à 19:34

Et oui, nous en sommes arrivés au niveau d'un pays du Tiers Monde, dans cette République bananière où la macronie à plongé la France.

frankyp Il y a 1 année Le 04/01/2023 à 13:05

On a laissé délocaliser les industries françaises les plus vitales sans même en informer les Français , sans que l'Etat fasse quoi que ce soit ! Le libéralisme devrait avoir de sérieuse limites !

0plus0egale Il y a 1 année Le 04/01/2023 à 12:11

Le modèle de la médecine de confort... T'as une petite douleur, largement supportable, et on te fait prendre un doliprane... ça fait 10 ans que je ne prends plus rien, je m'en porte pas plus mal. Arrêtons cette consommation à outrance de médicaments de confort, ce sont des toxiques, donc prendre celui qui soigne le mal, quand il n'y a plus le choix, ok, mais ceux qui vont à côté, non, on est le pays où von ressort de chez le médecin, avec la plus longue liste de médocs à prendre. C'est étonnant, cela ne fait qu'enrichir les labos pharmaceutiques, ceux qui versent pas mal de dividendes aux actionnaires, contre qui, la majorité se plaint actuellement.