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Il fut un temps où l’activité meunière était prospère. La transformation du blé en farine dans les minoteries de Charente-Maritime a longtemps fait vivre de nombreuses personnes. Aujourd’hui, ces établissements industriels se comptent sur les doigts d’une main. Selon les chiffres fournis par la Chambre de métiers et de l’artisanat de Charente-Maritime, 14 minoteries ont mis la clé sous la porte entre 1981 et 2004. La dernière en date à avoir stoppé son activité est celle de Saint-Germain-de-Marencennes en 2011. Vestiges d’un passé industriel, ces bâtiments ont pour certains été réhabilités et...
Il fut un temps où l’activité meunière était prospère. La transformation du blé en farine dans les minoteries de Charente-Maritime a longtemps fait vivre de nombreuses personnes. Aujourd’hui, ces établissements industriels se comptent sur les doigts d’une main. Selon les chiffres fournis par la Chambre de métiers et de l’artisanat de Charente-Maritime, 14 minoteries ont mis la clé sous la porte entre 1981 et 2004. La dernière en date à avoir stoppé son activité est celle de Saint-Germain-de-Marencennes en 2011. Vestiges d’un passé industriel, ces bâtiments ont pour certains été réhabilités et connaissent une seconde vie.
Sur les bords de l’estuaire, à Mortagne-sur-Gironde, dans l’agglomération royannaise, les traces de cette industrie meunière fortement présente sont loin d’avoir disparu. Des passionnés ont redonné vie à ces lieux en les transformant. Ici en atelier brocante, là en gîte. Un peu plus loin, à Chenac-Saint-Seurin-d’Uzet, les projets de réhabilitation n’ont jamais pu aboutir et le bâtiment menace de s’effondrer (lire ci-dessous). Les destins contraires de ces anciennes minoteries alimentent les discussions.
Une âme industrielle
Pour Marie Laplagne, il n’y a pas photo. « Ces lieux ont une âme et réhabiliter ce patrimoine est une excellente chose. » Encore faut-il avoir des idées. La Royannaise fait partie des 11 brocanteurs et antiquaires qui ont investi depuis sept ans la minoterie Vérat gérée en toute fin par Gers-Farine, sur le port de Mortagne, avant de fermer définitivement en 2008. Mais, déjà, il n’y avait plus de production. À ses plus beaux jours, le site était approvisionné avec les grains des agriculteurs de la région à partir de Bordeaux, par gabares, qui emportaient en retour la farine vers le Médoc et la capitale girondine.
« Lorsqu’on l’a visité, ce lieu atypique nous a tout de suite plu »
« On peut encore voir aujourd’hui sur le trottoir et sur le quai des rails qui servaient à faciliter le trajet des ‘diables’ de la minoterie aux bateaux », rappelle un document du Conservatoire de l’estuaire. Les camions ont par la suite remplacé les gabares et l’utilisation de l’énergie du gaz pauvre a succédé à celle de la vapeur dans le fonctionnement de l’usine. L’atelier brocante de la minoterie représente donc un lieu à part. « L’esprit des minotiers y a été conservé. Lorsqu’on l’a visité, ce lieu atypique nous a tout de suite plu », avoue celle qui préside l’association de brocanteurs.
Des silos et des séchoirs y servent par exemple d’écrin aux objets exposés, rendant l’atmosphère particulière. On sent la végétation prête à reprendre ses droits mais la main de l’homme veille encore. « Tous les gens qui entrent posent des questions. L’environnement industriel ne laisse pas insensible », fait remarquer un habitué. Les 400 mètres carrés offrent un panel de marchandises varié. Chiner y est devenu une sorte de pèlerinage.
Un lieu atypique
Ariane van Tuyll et Coen ter Kuile, eux, ont posé leurs valises fin 2003 à quelques pas de là dans une grande maison de maître. Ils ont d’abord transformé cette demeure construite par Jules Parias, à la tête d’une minoterie familiale avec son frère Gustave, en chambres d’hôtes. Si l’entreprise a cessé de tourner à la fin des années 1950, le couple de hollandais, lui, a eu à partir de 2008 l’idée de réhabiliter en gîte des bâtiments servant surtout de lieux de stockage à la minoterie devenue entre-temps une résidence. Le chantier, immense, a duré quatre ans. Le résultat est surprenant. Des appartements voient le jour en lieu et place de six silos avec une vue splendide sur l’estuaire et le port. Pour y accéder, l’un des silos a été remplacé par un monte-charge. Le Domaine du meunier, dont le logo était inscrit sur les sacs de farine, est né.
Un vieux hangar a aussi laissé place à une salle de restaurant, de cinéma et de jeux pour le moins originale. On est ici dans la salle Parias frères. Les amateurs de vintage, et notamment de flippers, apprécieront. « On a fait beaucoup de brocantes pour soigner la déco », précise Coen ter Kuile. L’été, le centre névralgique du village s’y déplace. Ce lieu de vie hors du temps est un incontournable si l’on veut découvrir Mortagne. Une façon de se remémorer le passé industriel tout en s’émerveillant de ce que les nouveaux occupants en ont fait.