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Le marché légal du cannabis démarre au ralenti à New York

Deux ans après la légalisation du cannabis, les premières licences de commerce de détail ont été attribuées dans cet Etat qui pourrait devenir le deuxième plus gros marché mondial du cannabis licite. Néanmoins les lenteurs au démarrage menacent le modèle économique des entrepreneurs, face au marché noir.

La vente légale de cannabis est désormais autorisée à New York, mais les dispensaires tardent à ouvrir.
La vente légale de cannabis est désormais autorisée à New York, mais les dispensaires tardent à ouvrir. (ANGELA WEISS/AFP)

Par Solveig Godeluck

Publié le 25 déc. 2022 à 10:53Mis à jour le 26 déc. 2022 à 10:20

Deux ans après la légalisation du cannabis dans l'Etat de New York, 36 premières licences de détaillants ont été accordées à des entrepreneurs locaux le 20 novembre. Dans quelques jours, les adultes devraient pouvoir se fournir de façon licite pour des usages récréatifs, comme dans plusieurs autres Etats américains . New York pourrait devenir le deuxième plus gros marché mondial du cannabis légal avec ses 20 millions d'habitants, derrière la Californie. Mais le modèle économique que tentent de bâtir les autorités locales est encore fragile.

Le fait qu'il n'y ait pas eu d'autorisation jusqu'à présent a sans doute surpris bien des New-Yorkais, car des vapeurs de marijuana flottent depuis longtemps dans les rues de la capitale. La libéralisation a déjà eu lieu sur le terrain. Or le marché légal va avoir du mal à décoller s'il subsiste en parallèle des acteurs qui ne se plient à aucune contrainte réglementaire, à commencer par une taxe étatique de 13 % sur les ventes au détail, plus des droits d'accises indexés sur la quantité de THC.

Le premier geste des autorités après l'attribution des licences commerciales a donc été de lancer la chasse aux vendeurs sauvages. Dans leur boutique ou leur camionnette, ils ont pignon sur rue. Plus de 900 candidats ont tenté d'obtenir une licence, et certains avaient pour ainsi dire anticipé une autorisation qui n'est pas survenue. Selon la New York Medical Cannabis Industry Association, près de 40 % des produits illicites sont contaminés au plomb ou avec des bactéries comme la salmonelle.

Un marché de 1,3 milliard de dollars à New York

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Alors que les commerçants labellisés se débattent encore pour appliquer une noria de règles, trouver des locaux et financer leur stock, la priorité est de réprimer ce commerce illégal et dangereux, aux revenus évalués par Cannabis Public Policy Consulting à 1,95 milliard de dollars dans l'Etat en 2022.

Le maire de New York, Eric Adams, espère que rien que dans sa ville, la légalisation permettra de créer 19.000 à 24.000 emplois en trois ans, avec un chiffre d'affaires de 1,3 milliard de dollars l'année prochaine. Pour les démocrates qui gouvernent l'Etat, c'est aussi une politique de justice sociale. Les 175 licences seront toutes attribuées à des personnes condamnées pour usage ou trafic de cannabis , à leurs proches, ou aux associations qui soutiennent la réinsertion des ex-détenus.

« Au cours des trente dernières années, les New-Yorkais noirs ont été 15 fois plus susceptibles d'être arrêtés pour détention de cannabis que les Blancs. Pour les Latinos, c'est 8 fois plus. Par conséquent, la majorité des licenciés du jour sont des personnes de couleur », s'est félicité le bureau de gestion du cannabis de l'Etat le 20 novembre, en dévoilant les 36 premiers nominés.

Pas d'accès au crédit bancaire

New York veut éviter la création de grandes entreprises intégrées, du champ au magasin, et préfère faire éclore de petits commerces familiaux. C'est pourquoi 277 licences séparées ont été accordées à des agriculteurs. Ils doivent cultiver le chanvre dans l'Etat et les détaillants doivent s'approvisionner auprès d'eux.

Néanmoins, les nouveaux entrepreneurs rencontrent des difficultés particulières. Ils ne peuvent pas compter sur le crédit bancaire pour se lancer : comme plusieurs Etats américains interdisent le cannabis, les banques prendraient un risque judiciaire. La majorité démocrate au Congrès a tenté de faire voter un « Safe banking act » afin de décriminaliser les prêts, mais la bascule à droite de la Chambre en janvier déjoue ses plans. A défaut, en octobre, le président Biden a symboliquement effacé toutes les condamnations prononcées par la justice fédérale pour simple possession de marijuana.

La réussite de l'expérience new-yorkaise dépend maintenant de l'agilité des entrepreneurs, mais aussi de celle de l'Etat, qui a promis de financer l'installation de « dispensaires récréatifs » et tarde à tenir sa promesse. Plus le temps passe, plus il deviendra difficile de concurrencer le marché noir.

Solveig Godeluck (Bureau de New York)

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