Les bijoux de Paris – Le renouveau du bijou régional

Si les pièces d’exception font flamber les enchères, les bijoux non signés de Caillou Paris révèlent un engouement nouveau pour ces pièces chargées d’histoire.

Par Hervé Dewintre

Caillou Paris propose un choix finement ciselé de bijoux régionaux
Caillou Paris propose un choix finement ciselé de bijoux régionaux © Mélanie Rey

Temps de lecture : 4 min

Le marché du bijou vintage se départage en deux tendances clairement définies. La première tendance concerne les bijoux considérés comme des investissements. Ils font les délices des maisons de vente qui ont cumulé l'année dernière des records s'articulant principalement d'une part autour des pièces iconiques signées par les grands joailliers, et d'autre part autour des pierres précieuses cumulant couleurs rares et provenances prestigieuses : saphirs de Ceylan ou birmans, rubis couleur sang de pigeon, etc.

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« Les bijoux signés et emblématiques sont incroyablement solides et les prix sont plus élevés que jamais, notamment pour le serti mystérieux de Van Cleef & Arpels et pour la panthère joaillière de Cartier » indique Max Fawcett, président du département joaillerie de Christie's, qui précise : « cette demande pour les bijoux européens émane d'une clientèle asiatique, de plus en plus jeune, et férue de luxe ».

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bague bretonne  ©  caillou paris
Si les iconiques tels que les bagues Tank continuent de soulever l’enthousiasme des acheteurs, la créatrice de Caillou note un engouement pour les bijoux régionaux, comme les bagues de foi ou de promesses, les croix et les breloques qui signalaient des coutumes locales. En photo : Bijou de foi originaire de Bretagne. © caillou paris
La deuxième tendance s'articule autour de l'achat coup de cœur. Des pièces à porter. Là aussi un engouement se manifeste, à des prix bien plus raisonnables, et justifie l'émergence à côté des acteurs historiques de la vente, d'une nouvelle génération de professionnels qui mettent en avant leur regard et leur érudition. C'est le cas d'Anne-Lise Delsol qui a fondé le site Caillou Paris en 2019. « Mon père était passionné par le XVIIIe siècle et ma mère aimait le vintage. Ça m'a amené petit à petit à m'intéresser aux bijoux anciens. Les prix n'étaient pas ceux d'aujourd'hui. Mon premier achat était une bague en or 9 carats sertie de petites lignes de turquoises et de perles : je l'avais payé 40 euros. Je me suis décidée à créer Caillou Paris en constatant l'appréhension que soulevait parfois le fait de devoir acheter en maison de vente, mais aussi l'envie d'apprendre de la part de celles et ceux qui méconnaissent le bijou ancien. »

Le modèle hybride, choisi par Caillou Paris, est le suivant : « Je travaille avec des antiquaires et je sélectionne leurs bijoux que je vérifie. Je vends mon œil, mais les produits leur appartiennent. » Le site, remarquablement organisé, permet la recherche de la pièce rare par une multitude de portes d'entrée – périodes, matériaux, matières, styles – qu'enrichissent des contenus pédagogiques. « Je voulais absolument pouvoir fournir un gage de qualité basé sur une expertise scrupuleuse des bijoux afin de pouvoir répondre le plus précisément possible aux demandes des clients et les accompagner dans leurs achats. »

Charge émotionnelle et valeur mémorielle

caillou paris ©  caillou paris
Anne Lise Delsol sélectionne auprès des marchands les bijoux anciens qu’elle présente ensuite sur son site Caillou Paris. La curation privilégie les créations qui mettent en exergue une histoire, un savoir-faire. En photo : Créoles Savoyardes © caillou paris
Autre grand avantage du site : les prix, qui, il faut le préciser, autorisent tous les coups de cœur : une très belle bague Napoléon III en or 18 carats orné d'un cabochon de turquoise et de deux perles fines est par exemple proposée à 255 euros. Pas de marque en revanche. On parle ici de bijoux de charmes, qui ne sont pas signés.

« Aux côtés des traditionnels iconiques – telles que les bagues tank – qui soulèvent toujours autant d'enthousiasme, je note un vrai engouement pour les bijoux régionaux, les pierres de naissance, et d'une manière plus générale pour les créations qui concilient la mode et la culture. Mes clients adorent approfondir le contexte, les codes, les croyances qui ont environné la conception d'une pièce. Ils recherchent une charge émotionnelle et une valeur mémorielle aussi. »

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Bijoux régionaux ? « Au XVIIIe et au XIXe siècles, les ornementations variaient encore considérablement d'un lieu à l'autre. Suivant les régions, on n'achetait pas les mêmes pièces. » On se surprend ainsi à rechercher sur le site les traces d'un passé enchâssé dans les bagues de promesses, parfois appelé bagues de pucelage, en or, qui étaient fabriquées dans le village de Caux tandis qu'à Calais ou Boulogne, les bijoux de matelots rappelaient davantage l'appartenance à une ville. On redécouvre avec plaisir la richesse et la diversité des usages locaux que proclamaient, sur l'ensemble du territoire, l'emploi des breloques.

À ces particularités régionales correspondaient des techniques spécifiques. « Je n'ai pas de période de prédilection. Si l'Art nouveau et l'Égypte ancienne m'ont ouvert les portes à cet univers quand j'étais adolescente, j'aime autant aujourd'hui les bijoux du XVIIIe siècle – j'en propose quelques-uns sur le site –, que le style Napoléon III ou l'Art déco. Chaque période recèle des trésors. En revanche, je vais être très sensible à un savoir-faire qui mériterait d'être redécouvert ou à des matériaux dont on ne parle pas beaucoup comme la soufflure de perle par exemple. » Contournant l'écueil de l'uniformisation, les ornements proposés par Anne Lise Delsol offrent l'immense avantage de concilier le plaisir de la parure, le goût de l'histoire et la recherche de singularité.

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