Chinon : face à la baisse de la consommation de vin, on cultive la tradition à la Saint-Vincent

Publié le 22-01-2023 à 20:40 | Mis à jour le 22-01-2023 à 20:40

Comme le veut la tradition, le cortège a défilé avec la statue de Saint-Vincent en tête dans le centre-ville de Chinon.
© (Photo NR)
La Saint-Vincent de Chinon a fait le plein dimanche 22 janvier 2023, alors qu’une récente étude montre que la consommation de vin dégringole en France. Une tendance qui ne se vérifie pas forcément sur les bords de Vienne.

Ce n’est pas une nouveauté, mais les chiffres annoncés dernièrement dans une étude de l’Office français des drogues et des conduites addictives sont sans précédent. En l’espace de soixante ans, la consommation de vin en France aurait baissé de 70 %, passant d’une consommation annuelle moyenne de 120 litres par habitant en 1960 à 40 litres en 2020 (1).

Entre 2011 et 2021, la consommation du fameux nectar aurait même diminué de plus de 30 % en France, selon une enquête Kantar. À l’occasion de la Saint-Vincent de Chinon, qui faisait son grand retour après deux ans d’absence ce dimanche 22 janvier 2023, on en a profité pour faire réagir acteurs et amateurs de vin, présents dans la cité de Rabelais et aux Caves painctes pour prendre part au traditionnel banquet.

« On boit moins, mais on boit mieux »

« Je trouve ça dommage parce que le vin français est magnifique. Pour moi, le vin c’est important, c’est le partage, la convivialité, l’échange », lâche Glennie Marquette, Danoise d’origine basée en champagne avec son mari. Elle a découvert celui de Chinon au contact de Sophie Mureau et de son mari Stéphane, qui représente la huitième génération à la tête du domaine de La Roche Honneur, à Savigny-en-Véron.

Attachées par les liens du vin depuis quarante ans, elles perçoivent à travers cette tendance un changement d’éducation dans le rapport au vin. « Ces dernières années, on a été bercé par les slogans contre l’alcool, soutient Sophie Mureau. Je pense qu’on peut consommer de façon raisonnable et normée. C’est ce qu’on essaie de transmettre à nos enfants parce qu’on essaie de les élever dans cette tradition. »

Après Sophie et Glennie, ce sera bientôt au tour de leurs enfants de se faire introniser par les Entonneurs rabelaisiens. « On boit peut-être moins, mais on boit mieux, nuance Jean-Max Manceau, Grand Maître de la confrérie chinonaise. Il y a près de quarante ans, on disait que les jeunes trouvaient le vin ringard, qu’il n’y aurait pas de renouvellement au niveau de la filière… On se rend compte que pas du tout ! »

Les liens du vin

La preuve avec Guillaume Thibault et Chloé Feron. À respectivement 23 ans et 29 ans, ces derniers avaient pour tâche de transporter sur leurs épaules la statue de Saint-Vincent. Un bizutage pour les jeunes pousses de l’appellation. « Dans notre manière de consommer, je pense qu’on apprécie davantage le vin maintenant qu’auparavant. On recherche plus la qualité que la quantité », commente le premier, destiné à reprendre le domaine familial des Forges, à Saint-Benoît-la-Forêt.

« Je pense que ce n’est pas une question d’âge mais plutôt de génération, rebondit la seconde, originaire de Nantes (Loire-Atlantique) et arrivée à Chinon « par hasard » pour travailler au domaine du Coudray Montpensier. J’ai trouvé ici la culture rabelaisienne, une culture viticole incroyable. »

(1) La France demeure le deuxième pays au monde le plus consommateur de vin, derrière les États-Unis et devant l’Italie.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.

Un sous-préfet président

Au moment de poser les verres et d’emmancher le micro, acteurs du vin et élus locaux ont tenu à saluer la patience de Laurent Vignaud, sous-préfet de Chinon depuis juin 2021 et « enfin » président de ce chapitre de la Saint-Vincent. « J’aimerais vous remercier pour votre patience, car le Covid a quelque peu perturbé le calendrier », s’adresse à lui Jean-Max Manceau.
« Tout vient à qui sait attendre. Vous avez eu plus de chance que votre prédécesseur (Michel Robquin) qui, lui, a passé deux ans à Chinon, sans jamais avoir été intronisé. Ce qui est un drame pour un serviteur de l’État », enchaîne dans un sourire le maire de Chinon, Jean-Luc Dupont.

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