Réaction de Greenpeace France à l’annonce de la mise en place de 60000 billets de train pour les jeunes entre la France et l’Allemagne

Une mesure purement symbolique 

À l’occasion du soixantième anniversaire du Traité de l’Elysée, les ministres des Transports français et allemand ont annoncé ce dimanche 22 janvier offrir 60 000 billets à de jeunes Français·es et Allemand·es afin “d’encourager les voyages en train au sein des  deux pays”. Les conditions d’obtention ne sont, à ce jour, pas encore connues. La réouverture d’une liaison directe entre Paris et Berlin (TGV et train de nuit), jusqu’ici attendue pour fin 2023, a été annoncée à horizon 2024.

Pour Greenpeace France, cette annonce a le mérite d’inciter les jeunes à voyager en Europe sans avoir recours à l’avion. C’est tout le sens du Guide de voyage écologique édité par Greenpeace à l’été 2022.

Cependant, cette mesure ponctuelle reste purement symbolique et anecdotique au regard de l’urgence de décarboner nos vacances. Ces 30 000 billets à destination de la jeunesse française ne permettront pas de développer durablement le voyage en train vers l’Allemagne [1], encore moins d’atteindre les “ambitions [de la France] en matière climatique”. Cela nécessiterait une action forte et pérenne pour enrayer l’explosion des vols de loisir en France, qui ont doublé entre 2008 et 2018 [2].

Selon Alexis Chailloux, chargé de campagne voyage durable chez Greenpeace France :

“Cette mesure va permettre à de jeunes Français et Françaises de découvrir Berlin, la Bavière, la Forêt-Noire, et c’est tant mieux ! Espérons que ces chanceux feront des émules et convaincront leurs proches de voyager en train en Europe. En revanche, cette annonce est caractéristique de l’inaction climatique du gouvernement, qui préfère les coups de communication aux mesures structurelles et pérennes. Comment  transformer durablement les habitudes de voyage des jeunes alors que les billets de train sont souvent bien plus chers que les billets d’avion pour voyager en Europe ? Comment justifier que le secteur aérien bénéficie d’autant de privilèges et d’aides publiques, avec la bénédiction du gouvernement, alors même que la France doit investir massivement dans le secteur ferroviaire ?” [3].

Le transport aérien représente plus de 7% de l’empreinte carbone de la France [4] et selon l’ADEME, les émissions du secteur pourraient croître de 50% d’ici 2050 sans nouveaux leviers de décarbonation. La diminution du trafic aérien est, de loin, la solution la plus efficace à court terme [5].

 

Notes aux rédactions

[1] En 2019, dernière année pré-covid, il y a eu 4,15 millions de voyages en avion entre la France et l’Allemagne contre 1,16 million de voyages en train (chiffres Eurostat). Sur la seule liaison Paris-Francfort, il y a eu plus d’un million de voyages en 2019 alors que le trajet se fait en 3h50 en train.

[2] Entre 2008 et 2018, les vols pour motif personnel ont presque doublé en France : 0,27 vol par an et par personne en 2008 (Source Etude Nationale Transport et Déplacement), contre 0,49 vol par et par personne en 2018 (source Enquête Mobilité des Personnes). En 2018, les vacances représentaient environ les 3/4 des vols pour motif personnel (le reste étant principalement des visites à la famille).

[3] Le kérosène est complètement exonéré de taxes (TVA, TIPCE), et il n’y a pas non plus de TVA sur les billets d’avion internationaux. A l’inverse, le secteur ferroviaire est soumis à la TIPCE et à une TVA à 10% sur les billets internationaux.

[4] Rapport “Climat : pouvons-nous (encore) prendre l’avion ?”, BL évolution (2020)

[5]  Transport aérien : 3 scénarios pour une transition écologique, ADEME (2022)