Drôle d’endroit pour faire du vin. On ne peut s’empêcher de penser cela lorsqu’on arrive aux abords de l’ancienne sucrerie de 3200 m2 transformée en chai et en caveau de dégustation. Un million d’euros a été investi pour réhabiliter le bâtiment. Nous sommes à Dompierre-Becquincourt, dans le département de la Somme. Arras est à 50 km plus au Nord. Amiens à 50 km à l’Ouest. C’est ici, au pays des céréales et de la betterave, que le groupe issu de la coopérative agro-industrielle Advitam a décidé d’implanter son projet de développement d’une filière viticole dans les Hauts-de-France.

Commercialiser du vin blanc au pays des briques rouges

Sa société de négoce de céréales, Ternoveo, accompagne les agriculteurs dans ce projet depuis 2019 et aujourd’hui, une filiale vin, Chai des Hauts-de-France, a été créée pour commercialiser du vin blanc au pays des briques rouges. Le modèle est proche de celui du négoce, avec des vignerons partenaires qui ont un contrat. Chai des Hauts-de-France achète ainsi les raisins 1,20€ le kilo avec une possibilité de prime qualitative.

En ce moment :

Les premières parcelles de chardonnay ont été plantées en 2019 et vendangées à la main pour la première fois, dans une ambiance festive, en 2022. 86 hectares sont plantés à date, sur 50 parcelles appartenant à 49 vignerons qui suivent des formations théoriques et de terrain avec l’enthousiasme des débutants. Cela leur permet de se diversifier et de s’adapter au réchauffement climatique. Ici, les sols sont argilo-calcaires sauf sur quelques parcelles crayeuses. L’ensemble est labellisé HVE 3, avec le nouveau référentiel, et certaines parcelles sont en conversion bio.

Objectif : 200 hectares dans cinq ans

« L’objectif est de 200 hectares dans cinq ans avec 130 vignerons à leurs têtes » indique Xavier Harlé, Directeur Général de Ternoveo. "Les 130" est d’ailleurs la marque qui a été retenue pour une gamme qui comptera quatre cuvées de Vin de France. Azimute et Parallèle 50, 40 000 bouteilles au total, seront commercialisées dès cette année, entre 7 et 10 euros la bouteille. Fragments et Zénith, deux cuvées plus exigeantes, notamment avec plus d’élevage en barriques, en foudre ou en œufs béton, arriveront ensuite. 1,5 million de bouteilles sortiront du chai à l’horizon dix ans. L’étude du parcellaire est en cours mais déjà « chaque parcelle a été isolée pour la fermentation » détaille Laetitia Vankerkoven l’une des deux œnologues et maîtres de chai des lieux.

L’initiative est soutenue par la région Hauts-de-France, qui a mis 200 000 euros de sa poche. Xavier Bertrand, président de la région est venu montrer avec force son soutien à la filière viticole naissante. « Je suis résolument à vos côtés pour accompagner le développement de cette filière. Elle va participer à la transformation de l’image de la région qui lance aussi cette année son label région de la gastronomie. Le vin est indissociable de la gastronomie. En tant qu’ancien Ministre de la Santé je dis « avec modération » mais je suis un amoureux du vin » a-t-il conclu.

L’équipe des Chais des Hauts-de-France planche déjà sur un dossier pour pouvoir prétendre à un classement en IGP (Indication d’origine protégée). Mais avant cela, un rendez-vous s’impose : la dégustation des vins. Rendez-vous en juin.